17 avril 2010

Les singes et moi !

Bon, il est temps de présenter un peu plus ce qu'on fait avec les singes !
Tout d'abord, je tiens à préciser que c'est une expérimentation purement vétérinaire. On pourra surement en déduire pas mal de choses pour les humains mais ce n'est pas son but. Les singes que nous avons ont tous des lésions cérébrales (sauf les sujets contrôle, évidemment). Mais ces lésions sont naturelles et en aucun cas provoquées par le labo. Nous passons ces chères petites bêtes dans l'IRM plusieurs fois au cours de leur séjour et nous regardons l'évolution de la lésion et, grâce à l'IRM fonctionnelle, nous espérons pouvoir quantifier et expliquer la plasticité cérébrale.
Kézako ? C'est la capacité qu'a notre cerveau de "replacer" des fonctions qui ont été lésées. Ainsi, on va utiliser des branchements annexes, d'autres corps neuronaux, bref jouer de tout un arsenal complexe afin de préserver les diverses fonctions du cerveau. C'est ainsi que quelqu'un ayant perdu la parole peut la retrouver, etc. 
Mon travail est de "replacer" l'image IRM du cerveau acquise à une certaine date sur les IRM précédentes afin de pouvoir comparer les zones éloquentes. La comparaison et le replacement (on dit recalage dans le jargon) est bien entendu fait de façon totomatik par un ordinateur en se basant sur des théories mathématiques qui donnent mal au crane et que j'ai élaborées.

Quelques photos pour vous montrer notre "attirail".
Notre IRM 9.4 Teslas (les machines performantes pour humain font seulement 3 Teslas)

La station de contrôle de l'IRM

Le filtre a chaux (permet d'absorber le CO2 des singes intubés)

La seringue automatique de Dextrose (pour donner du sucre au singe)

Monitoring cardiaque et respiratoire (pour surveiller que le singe aille bien).

Les singes sont bien entendu sous anesthésie gazeuse par Isoflurane pendant toute la durée des examens pour éviter les mouvements qui rendent floues les IRMs. Pendant l'IRM, ils ont une fréquence cardiaque entre 200 et 300 battements par minute (ça dépend des individus) et une fréquence respiratoire de l'ordre de 40. Ils restent entre 3 et 6 heures dans la machine mais gagne une semaine de repos par tranche de 3 heures dans la machine.
Les singes sont adorables et mon copain Woodchuck (le premier singe écureuil que j'ai rencontré) est super malin, il reconnait les gens et viens toujours me faire des câlins dès que je vais les voir dans leurs immenses cages où les humains peuvent entrer debout. C'est comme au zoo mais avec des soins encore plus poussés. Le seul hic est que vu la taille de sa lésion inopérable, Woodchuck ne vivra pas bien vieux, surement encore trois au quatre mois mais on essaie vraiment tout ce qui est possible pour la diminuer, notamment des traitements expérimentaux (c'est un peu le but de l'étude). C'est un peu triste mais bon, quand on travaille avec des animaux malades, il faut s'atteindre à cette douloureuse échéance.

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