Je poste ici un texte que j'ai écrit pour lui, j'aimerai le lire à son enterrement mais je ne sais pas si j'en aurai la force. J'ai même du le raccourcir terriblement puisque le premier jet faisait presque 10 pages.
Mon Géo, je me plaisais à penser à toi comme ce frère que je n'ai jamais eu, comme si nous étions les deux moitiés d'un tout. Aujourd'hui, je me sens vide, mon cœur est voilé de ténèbres, mon âme est déchirée et je n'arrive pas à me consoler de ta perte. Bien sûr rien ne pourra jamais nous enlever cette formidable amitié. De mes amis, tu es le plus fidèle, le plus proche, un des plus anciens et, à jamais, le meilleur. La vie nous a accordé de merveilleux moments, à Paris, à Rennes, à Caen, et bien d'autres endroits encore. Chacun d'eux aura désormais pour moi une saveur particulière, à la fois douce car ils sont porteurs de beaux souvenirs mais aussi amère car ils me rappelleront pour toujours que tu n'es plus là.Je me souviens de ce petit bonhomme que j'ai connu au lycée, de notre passion commune pour l'informatique qui nous a liés et de nos escapades à Carrefour. Malgré la distance et les années, cette amitié était belle et forte et nous nous parlions longuement tous les jours. Les journées de travail vont me sembler bien tristes sans tes commentaires et tes blagues. Dans la quinzaine d'années qu'a duré cette amitié, tu es passé d'un jeune homme espiègle à un adulte formidable et je suis fier d'avoir pu être ton ami. Tu as trouvé une femme exceptionnelle que j'aime aussi énormément et qui est à son tour devenue une amie. Elle sait qu'elle peut compter sur moi n'importe quand, ma porte lui sera toujours ouverte et je souhaite entretenir cette belle amitié. Celyan peut être fier d'avoir un papa aussi extraordinaire.Le soir de ta disparition, dans chaque pièce, les objets me rappelaient les moments passés ensemble. Tout ce que je voyais n’était plus que toi : le coussin lumineux reçu à Noel dernier, les drapeaux de ma fête d'anniversaire l'année dernière où tu avais la place d'honneur, mon passeport annuel pour Disneyland où nous étions allés l'hiver dernier et où nous devions aller ensemble dans quelques jours. Tous ces témoignages de notre amitié, sans toi, étaient pour moi un cruel martyre. Mes yeux te demandaient partout, et tu m’étais refusé. Et tout m’était odieux, parce que tout était vide de toi, et que rien ne pouvait plus me dire : "Il vient, le voici !" comme pendant ta vie, quand tu étais absent. Le temps d'ordinaire si ensoleillé à Nashville était maussade, comme s'il était le reflet de mon âme, les pluies torrentielles qui s'abattaient sur le sol n'étaient rien en comparaison des torrents de larmes que je versais.Toi le frère que je n'aurais jamais, je suis moins seul de t'avoir connu. Mon cœur est aujourd'hui déchiré par ton départ trop tôt advenu. Aristote disait que l'amitié c'est une même âme dans deux corps : je viens de perdre la moitie de mon âme !On dit que tout s'oublie, que le temps nous reprend les souvenirs. Ces souvenirs-là son ceux d'un copain, d'un ami véritable. Je ne souhaite pas qu'ils partent. Je veux à tout jamais garder gravés dans ma mémoire les formidables moments passés ensemble.J'ai envie de te crier tout ce que je ne t'ai jamais dit, en espérant que, là où tu es, tu l'entendes mais je sais que c'est inutile : tu sais déjà tout ce que je veux te dire, car tu me connaissais et me comprenais mieux que quiconque.Nous aimions les mêmes choses, avions le même humour, les mêmes sensibilités ; je sais que jamais plus je ne trouverai une telle complicité. Je suis anéanti par ta perte mais je me dis aussi que j'ai eu le bonheur de te connaitre, tout le monde n'a pas la chance d'avoir une relation aussi intense avec un ami. Je me faisais une joie de ce retour en France car j'allais te voir et nous allions rire, nous amuser et célébrer ensembles nos anniversaires. Tu m'as joué, tu nous as joué, une bien vilaine dernière farce. Tu aurais pu nous l'épargner : celle-ci n'est, définitivement, pas ta meilleure !Tu étais ce petit plus qui rend la vie douce et agréable : tu étais mon rayon de soleil les jours de pluie, les jolis papillons qui égayent les journées d'été, les belles couleurs qui nous font aimer l'automne. La vie va me sembler bien morne désormais.Le temps de ce "nous" qui me tenait tant à cœur n'est plus, la vie en a décidé ainsi. Tu avais une intelligence hors du commun et un sens de l'humour à toute épreuve. Tu vis pour toujours dans mon cœur, dans nos cœurs. Géo, mon poteau, mon copain, mon ami, adieu.